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Concert – Festival Ravel – Jerusalem Quartet, cordes

28/08/2023 20:00
Eglise St Laurent
64250 CAMBO LES BAINS

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Programme

Wolfgang-Amadeus Mozart (1756 – 1791), Quatuor à cordes n° 21 en ré majeur, K 575 « La Violette » (25’)
Allegretto – Andante – Menuet – Allegretto

Sergueï Prokofiev (1891 – 1953), Quatuor à cordes n° 2 en fa majeur, Op. 92 « sur des thèmes Kabardes » (22’)
Allegro sostenuto – Adagio – Allegro

Entracte

Maurice Ravel (1875 – 1937), Quatuor à cordes en fa majeur (30’)
Allegro moderato – Assez vif. Très rythmé – Très lent – Vif et agité

La sonorité du Jerusalem Quartet est inimitable, comme le parfum mozartien, léger, fragile, insaisissable. Prokofiev épouse la vigueur caucasienne et Ravel la douceur euskarienne, universel enchantement.

Le programme musical

Mozart s’essaya au Quatuor à cordes en Italie. Il avait 14 ans ! Tout au long de sa vie, cette forme, peut-être la plus absolue de la musique de chambre, constitua une part importante de sa production. Ils s’ordonnent, isolés comme le Quatuor Hoffemeister ou le plus souvent en groupes, les Viennois, les dédiés à Haydn ou et les trois derniers, les Quatuors prussiens dédiés au roi Frédéric II de Prusse (qui en avait demandé six). Premier de cette série, le 21ème, en ré majeur, fut composé en juin 1789. Le roi étant violoncelliste, la basse est privilégiée. Malgré la misère du compositeur à cette époque, ces quatuors révèlent une joyeuse insouciance.

Trois des mouvements de ce quatuor sont intitulés Allegretto, comme si rien ne devait être brusqué, avec, pour les deux premiers la mention sotto voce. Il y a dans cette œuvre comme un secret qui se cache, une envie de ne pas dire la dure réalité, une envie de montrer l’illusion d’un bonheur sans effusion. Le premier mouvement est d’une carrure impeccable, enjôleur, ne montre aucun agacement, aucune fureur. Le second, placide, se fait chansonnette avec ce qu’il faut pour contenter le royal archet. Peut-être le Menuet, avec ses ruptures tonales, révèle-t-il un brin de conscience, avant que l’Allegretto final offre au violoncelle, encore lui, une exposition haut-placée.

En 1941, Serge Prokofiev fut évacué à Naltchik, capitale de la République autonome de Kabardino-Balkarie. Il y entendra de la musique Kabarde et en composera son second et dernier Quatuor à cordes. Pour lui, « la combinaison de ce folklore authentique oriental, encore vierge, avec la plus classique des formes instrumentales qu’est le quatuor à cordes, devrait donner des résultats intéressants et inattendus ». Prokofiev en tirera une musique sans compromission, un peu « bartokienne ». À tel point que les apparatchiks, après la création à Moscou le 5 septembre 1942, furent effrayés par les harmonies « barbares » et les « inutiles stridulations ». Soyons rassurés, dès après cette création, le Quatuor reçut un accueil très favorable du public ! Le premier mouvement emprunte à la mélodie Oudj Starikov sa fameuse quarte glissée et suit une forme sonate traditionnelle. Une chanson d’amour façonne l’Adagio avec un accompagnement orientalisant avant qu’une imitation du kemange, instrument traditionnel caucasien, ne vienne dans la partie médiane affirmer l’inspiration locale. Dans le dernier mouvement, la danse montagnarde prend une tournure plus effrénée.

Les débuts de Maurice Ravel pour la musique de chambre, comme Debussy, furent consacrés au Quatuor à cordes. Œuvre de jeunesse dédiée à Gabriel Fauré, le Quatuor en fa majeur fut écrit entre décembre 1902 et avril 1903, créé le 5 mars 1904 à la Schola Cantorum. Debussy émit des critiques élogieuses et écrivit à son ami le 4 mars 1904 : «Bardac vient de me dire votre intention de faire jouer votre Quatuor – surtout l’Andante – moins fort… Au nom de tous les Dieux et au mien, si vous le voulez bien, ne faites pas cela. Songez à la différence de sonorité d’une salle avec et sans public… Il n’y a que l’alto qui mange un peu les autres et qu’il faudrait peut-être apaiser ? Autrement, ne touchez à rien et tout ira bien ». Plût au ciel que la présence de l’alto ne fut pas modifiée. Le Quatuor à cordes est un genre difficile et très peu de compositeurs en font une œuvre de jeunesse. Ravel s’y aventura et commit un chef-d’œuvre incontestable. Jules Van Ackere, musicologue belge, écrivit que « ce quatuor ne voulait prétendre à aucune recherche ni expérience mais se voulait une façon de se complaire dans un calme raffinement, être une des choses les plus tendres et les plus souriantes de la musique de ce siècle ».